Mobilier

Yves Gastou, antiquaire du futur

Introduction
Nous vous présentons le portrait d'un antiquaire dont la carrière a débuté à Toulouse, rue Croix-Baragnon, où il a remis à l’honneur pendant des années l’Art nouveau et l’Art déco, avec notamment la découverte d' André Arbus.

Yves et Victor Gastou
Yves et Victor Gastou, vivent au beau milieu d’un rêve de marchands et de collectionneurs, celui que s’est d’abord forgé le père, Yves, de découvertes en découvertes qui l’ont amené à explorer les courants marquants des arts décoratifs du XXe siècle, et qu’il transmettra ensuite à son fils, Victor, dans une belle synergie.
La carrière du père débute en province, à Toulouse, où il remet à l’honneur l’Art nouveau et l’Art déco. La rencontre avec le travail du grand ébéniste André Arbus, l’amène à se passionner pour les années 40, puis les créations des 50, 70, sans oublier le design des années 80, ces antiquités du futur qu’il sera le premier à confronter à la palette de la création historique de 1935 à 1960, dans sa galerie de la rue Bonaparte.
Celle du fils porte en héritage le goût pour les meubles de Sottsass, Pesce et Mendini, au milieu desquels il a grandi et qui restent ses références, même s’il s’en écartera le temps de ses études de commerce. Mais son master d’affaires internationales en poche, le déclic surgit en lui. C’est donc tout naturellement, que la passion des arts décoratifs le rattrape, et en demandant à son père de travailler à ses côtés, il décide de franchir le pas pour continuer à écrire une nouvelle page de l’histoire familiale.
Deux trajectoires aux antipodes, mais avec pour fil conducteur la chance de la transmission, le bonheur de travailler ensemble, de s’accomplir dans un binôme heureux, où les divergences générationnelles se diluent dans une curiosité inscrite dans leurs gênes, dans le même regard candide et poétique qu’ils portent sur les objets et qui forge leurs véritables personnalités. Personnalités qui rejaillissent sur leur galerie, et font d’elle une entité singulière, à la fois pérenne et en évolution constante.

www.galerieyvesgastou.com

Voir le pdf > Le mariage des siècles

Voir le pdf > Hôtel particulier Lenny Kravitz

Avant-propos
En 1980, je suis parti pour l’Italie. À Milan, j’ai découvert l’œuvre fabuleuse de Gio Ponti, à Turin, celle de Carlo Mollino dont j’ai pu acheter des pièces majeures que j’ai exposées rue Bonaparte des années plus tard. Ensuite Venise, avec Scarpa. En voyant le design italien des années 50 et 70, je suis devenu fou. Le plus éclatant, le plus révolutionnaire de ces années, où tout se voulait noir et triste, était Ettore Sottsass. C’était une explosion de couleurs, de matériaux pauvres comme le Formica mais avec humour, une immense culture, une réinterprétation de l’histoire du design européen. Pour moi, Sottsass et les mouvements italiens sont à l’origine de l’engouement actuel pour le design.
Après quatre années aux puces, je voulais absolument avoir une galerie à Saint-Germain-des-Prés, le plus près possible de l’École des beaux-arts. Et je me suis dit : « Mon Gastou, qui va faire l’architecture intérieure de la galerie et la façade ? C’est Sottsass ! » Ce fut sa première architecture en France, et l’une des toutes premières dans le monde. À partir de là, nous avons exposé les grands maîtres en alternance avec des créateurs plus jeunes, comme Dubreuil, Starck, Arad, Dixon et le merveilleux Kuramata, le plus poétique, le plus humble de tous, que nous avons été les premiers à présenter en Europe. Sottsass, quant à lui montrait régulièrement ses nouveautés chez nous. Nous discutions, et invariablement, il disait : « Comment peux-tu vendre tout ça ? C’est invendable ! » Comme s’il doutait encore du fait que son œuvre avait déjà marqué le siècle.

Propos d’Yves Gastou, recueillis par Christiane Germain, extraits d’Yves Gastou, antiquaire du futur, Delphine Antoine, Éditions Norma, Paris, 2011, pages 7 à 11.

En poursuivant la navigation, vous acceptez l'utilisation de cookies. En savoir plus. J'ai compris