Art

«Truskool, Une histoire du graffiti à Toulouse»

Introduction
Dans une atmosphère intimiste, je suis accueillie par Isabelle Peaudecerf, chargée de la relation presse et je vais à la rencontre d’Olivier Gal, l’auteur, qui raconte avec enthousiasme, la naissance de ce livre, sa rencontre avec les membres de la Truskool, du graffiti, de la volonté avec l’éditeur de faire connaître ce collectif. «Truskool, une histoire du graffiti à Toulouse» paru aux Editions Atlantica.

Ce livre a la particularité aussi de t’expliquer les techniques, les choix des bombes.

C’est également un voyage dans et hors Toulouse qui t’est proposé à travers l’univers du graffiti où tu fais connaissance avec cet art de la rue, tu enrichis au passage ton vocabulaire et tu apprendras même la distinction entre un flop, un tag, un graff et une fresque !

De gauche à droite Der, Olivier Gal et Tober

Pourquoi s’être intéressé à ce collectif et cette époque ?

Olivier Gal a choisi de parler de cette décennie, les années 90, car il est de cette génération.

Il te propose «un revival nostalgique» à travers ce récit, où il retrace les années 90. «un recul de 20 ans est nécessaire pour intégrer une décennie dans l’Histoire», précise t’il.

Il y a une culture underground très forte à Toulouse à cette période là autour de la musique, le hip hop, le skateboard et le graff. «C’est un vivier culturel plus qu’artistique à l’époque !»

Installé à Toulouse depuis 2004, Olivier Gal a fait la connaissance de ce collectif à travers son métier, lorsqu’il était co-responsable d’une galerie d’art contemporain.

En effet, il défendait les disciplines émergentes et il a travaillé avec la Truskool sur une exposition notamment, de là des affinités et des liens se sont créées entre eux. Il a souhaité mettre en lumière par ce récit, l’histoire d’une esthétique particulière et ceux qui sont à l’origine de l’émergence du graff à Toulouse.

Qui est la Truskool ?

C’est tout d’abord une «bande de potes» pour reprendre les termes de l’écrivain, du même âge, qui se

sont réunis au départ par des intérêts communs : le graff, le hip hop, le skateboard et l’envie de s’exprimer ! Le graffiti est un moyen pour eux, d’attirer l’œil de manière ludique, de populariser, de partager et de faire connaître leur culture.

A travers les différents témoignages et les descriptions, tu participes à la création du «crew», de l’équipe,  à leurs virées nocturnes, les courses poursuites avec les flics, hé oui graffeur est un métier à risques ! La description est telle que tu plonges dans cette aventure où tu te vois toi-même courir, identifier les endroits avec eux pour graffer, utiliser la bombe !

Tu traverses les années 90 en assistant à leur évolution, à la création du noyau dur qui devient la Truskool. Tu fais connaissance de ses membres, en passant par Lyon et Paris, tu rencontres d’autres graffeurs, des personnalités féminines qui se sont rapprochées du collectif également. Avec cette envie qu’ils ont d’aller encore plus loin dans leur technicité et leurs défis. Ils gagnent beaucoup de crédit en allant plus vers des fresques, qui est un graffiti plus artistique au milieu des années 90 et grâce aux couleurs apportées par les filles.

Cette aventure t’amène jusqu’à à New-York, là où est né le graffiti. Durant ces années, le groupe élève sa discipline, le graffiti, va être reconnu pour cela et réalise son rêve !

Olivier Gal et les membres de la Truskool

La place du graffiti à Toulouse et son évolution

Le graffiti «new-yorkais» connait ses débuts dans les années 80 en France et celui-ci ne sera reconnu que bien plus tard, dans les années 2000.

Au début des années 90, les graffeurs à Toulouse se comptent sur les doigts de la main. Il n’y a que 2 magazines sur lesquels ils peuvent puiser leur inspiration à cette période-là.

C’est grâce à la fusion de ces quelques jeunes du même âge qui se retrouvent 24 heures sur 24 à graffer, que Toulouse va être reconnue comme ville emblématique dans l’univers du graffiti.

Les jeunes Toulousains à cette époque là graffent des slogans, des jeux de mots, leur motivation première étant de se marrer et de passer du bon temps.

Ce qui explique une des raisons de leur succès à travers le monde, car ils ne se servent pas de leur «art» pour des revendications politiques ou générant du conflit. Ce qui n’est pas le cas dans d’autres villes comme Paris ou Lyon notamment, où l’expression est plus individuelle, plus violente.

En effet, au milieu des années 90, ce ne sont plus 10 graffeurs mais une centaine qui se retrouvent à graffer. La ville connaît une croissance exponentielle de graffeurs, il y a des graffitis partout, sur les murs, les trains ! Cela devient insupportable pour tout le monde à ce moment-là !

Au début des années 90, la municipalité de la ville ne se soucie pas des graffeurs car elle est occupée à structurer la ville au niveau des transports, avec l’arrivée du métro, à construire des infrastructures. C’est finalement après quelques années que la mairie réagit en employant des moyens colossaux pour faire disparaître les graffitis qui ornent les murs de Toulouse.

Toulouse reste la seule ville qui a toléré le graffiti au centre-ville.

C’est à cette même période que la Truskool amorcera son déclin pour se terminer en 2002.

A ce moment-là, les membres continuent de graffer dans la rue «de manière sauvage», sans autorisation et en même temps ils sont sollicités par la ville pour couvrir des événements et ainsi travailler et vivre de leur «art». (Les membres ne se considéraient pas comme des artistes mais comme des graffeurs). De plus, le «crew» connaît des divergences d’opinions, et les valeurs qui les rapprochaient au départ ne sont plus, ce qui fera que peu à peu chaque membre évoluera de son côté.

Aujourd’hui le mot «graffiti» a laissé la place au «street art», où l’on retrouve cette technique qui vient de la rue sur d’autre supports, tels que les toiles et à travers des expositions.

Les membres de la Truskool sont aujourd’hui des artistes internationaux reconnus sur la scène et qui continuent à graffer dans la rue.

Ce livre est un beau témoignage d’une décennie, les années 90, où Toulouse reste une ville gravée dans l’émergence du graff, d’un collectif qui a marqué les esprits, par son talent, son côté fédérateur, jovial. Réunis autour d’une même passion et qui partagent des mêmes valeurs : cohésion, partage, expression, fun et liberté !

Durant cette conférence de presse, j’ai eu le privilège de rencontrer Der, un des membres fondateurs de la Truskool, autour d’une interview, c’est autour de murs en préparation de graffitis, je suppose voyant les bombes aérosol à côté de nous, qu’il m’accorde ce temps dans les couloirs de l’enceinte.

Interview de Der, l’un des membres fondateurs de la Truskool

La Vi(ll)e En Rose : comment tout a commencé ?
Der : on s’est rencontré autour du taf, du graff. On a commencé par du tag, à se balader dans la rue, en skate, on se lance, on repasse, on trouve ça marrant, puis on s’est mis au graff !

LVER : pouvez-vous me raconter ces moments où vous étiez coursés par les flics ?
Der : ça nous procurait une bonne dose d’adrénaline, ça fait partie du jeu !

LVER : comment s’est passé la suite ?
Der : des rencontres avec des gens, des voyages ! C’est nos vies ! En France, à New-York (rencontre avec les précurseurs), un tour d’Europe.

LVER : quel regard  portez-vous aujourd’hui ?
Der : une fierté d’être reconnu, d’avoir participé à ce collectif ! Que du positif !

LVER : et pour vous maintenant, après l’aventure Truskool ?
Der : je fais du graffiti’art, je travaille sur d’autres supports avec ma touche graffiti !

LVER : que pensez-vous de ce livre ?
Der :
ce livre va apporter des souvenirs et pour les plus jeunes, un état d’esprit qu’il n’y a peut-être plus trop !

LVER : quels conseils donneriez-vous à celui qui veut se lancer ?
Der :
de respecter les œuvres des autres, après il fait ce qu’il veut !

LVER : où est-ce que l’on peut vous trouver sur Internet ?
Der :
nous avons chacun notre page, Tilt, Ceet et moi sur Facebook.

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